vendredi 13 avril 2018

L'indiscutable...

Extrait du dernier livre de Djemila Benhabib "Les soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident"

"Une chose est sûre, la question du terrorisme, intimement liée à celle de l’islam politique, ne pourra se dénouer sans lever le voile sur certains tabous inhérents à l’islam, dont la nature du texte coranique, son impact et sa portée ainsi que la place de la charia dans le corpus législatif. Cet enjeu place l’Occident face à ses contradictions autant que les musulmans face à leurs limites. Pour dépasser ces limites, il faudra inéluctablement s’affranchir du règne de « l’intouchable », de « l’indiscutable », de « l’islamophobie» et de la « stigmatisation ».


Cette mention que fait Madame Benhabib de "l'indiscutable" et de "l'intouchable" m'interpelle particulièrement car, depuis quelques mois, je cogite tout bas une pensée qui, pour un humaniste comme moi, relevait pourtant de l'hérésie pure il n'y a pas si longtemps et qui, maintenant, s'impose chaque jour un peu plus: la liberté de conscience est-elle abrogeable?
Disons-le d'emblée: ceci n'est pas un plaidoyer mais une réflexion sur le sujet.
La liberté de conscience est un des trois libertés fondamentales garanties et protégées par la Constitution Canadienne

Les libertés fondamentales


  • Au Canada, chacun est libre de pratiquer n’importe quelle religion ou de n’en pratiquer aucune.
  • Nous sommes libres de penser ce que nous voulons et de dire ce que nous pensons, de nous réunir pacifiquement en groupes et de nous associer avec qui nous voulons, à condition de ne pas enfreindre de lois valides qui protègent les droits et libertés des autres.
  • Les médias sont libres d’imprimer et de diffuser des nouvelles et d’autres informations, dans les limites raisonnables et justifiables fixées par la loi.

    Une première question qui saute à l'esprit est: mais est-ce bien vrai qu'il est loisible de pratiquer n'importe quelle religion au Canada?
    La réponse est mi-figue mi-raisin: Oui, en autant que l'exercice de celle-ci ne contrevienne pas aux lois en vigueur dans le pays. 
  Autrement dit, si quelqu'un décidait de faire renaître le panthéon Nordique (Odin, Thor, Valhalla, les valkyries etc...) tel qu'il était en vigueur en tant que foi profonde chez les Vikings, ils n'auraient pas le droit de s'adonner à des sacrifices humains. Ceux-ci sont déclarés meurtres rituels dans nos textes de lois et sont évidement passibles d'emprisonnement, comme tous les meurtres. 
 
Odin, Dieu suprême du panthéon Nordique
    On s'imagine mal, en effet  qu'on permette que soit télédiffusé le tranchage de gorge rituel de jeunes hommes ou de jeunes femmes comme on accepte que le soit la messe catholique  avec Le Jour du Seigneur. le dimanche matin. Clairement, la liberté de conscience a des limites et ne consiste pas en un fourre-tout idéologique ou tout et n'importe quoi est permis. La loi des hommes peut- et certains diront doit-  fixer ces limites 

 À la question : la liberté de conscience est-elle abrogeable, la réponse est donc oui.

 À ce stade, j'aimerais ouvrir une parenthèse qui nous sera peut-être utile plus tard.dans la discussion, à savoir, qu'il n'existe aucun droit ou liberté dans notre Constitution qui ne soit pas abrogeable.  C'est tout aussi vrai pour le droit à la vie que pour  la liberté d'expression, le droit de vote, la sécurité de sa personne, etc... etc...  Peu importe qu'il soit fondamental, cardinal, juridique, civique ou anodin aucun droit n'est à l'abri d'une limitation de sa portée.

 
La loi des mesures de guerres, en 1970, en aura abrogé plus d'un!
De mon vivant, le Québec pendait encore ses meurtriers
À partir du moment ou l'esprit accepte qu'aucun droit n'est totalement inaliénable, le prochain mouvement de l'esprit est donc de définir en quelles circonstances ce droit peut-il ou doit-il être abrogé.
Selon nos traditions démocratiques et nos habitudes de liberté, plus le droit est cardinal (important) plus les circonstances permettant sont abrogation doivent être exceptionnelles, voir extraordinaires. Un droit fondamental comme la liberté d'expression se voit effectivement abrogé lorsque son utilisation met en danger le bien/santé/sécurité du public. Il est ainsi criminel de crier AU FEU! en l'absence d'un incendie dans une salle de théâtre ou de cinéma par crainte de la panique qu'une telle expression causerait.
Similairement, il est criminel d'utiliser son droit à la libre expression pour livrer un faux témoignage aux forces de l'ordre et de la justice car cela porte atteinte au bon fonctionnement de la justice fondamentale qui est une des pierres angulaires de notre société. Entrave à la justice et méfaits sont tous condamnables de peines de prison. 
Sur un autre plan, virtuellement tous les droits peuvent être abrogés en temps de guerre ou, si on préfère, lorsque la sécurité nationale est en péril. Cela inclut le droit à la vie via l'obligation du service militaire ou il devient possible de vous faire ordonner de marcher vers une mort certaine ou de vous faire fusiller si vous refuser d'obtempérer audit ordre (trahison). Içi, l'intérêt national est jugé plus important que votre droit individuel, tout fondamental ou cardinal soit-il.
Image result for Stress Positions Interrogation Les Américains, utilisant la sécurité nationale comme tremplin, démontrent clairement que, même en temps de paix, rien ne saurait être plus fluide que les droits de la personne.
Bien public, sécurité publique sécurité nationale, respect de la justice et moralité fondamentale - une ligne plus ou moins nette émerge lorsque vient le temps d'abroger un droit.

Voici donc la question avec laquelle je me dépatouille depuis quelques mois: devrait-on abroger la liberté de conscience et rendre l'islam illégal sur l'ensemble du territoire?
Les raisons qui me poussent à ce questionnement sont aussi nombreuses que pertinentes mais la principale est la suivante: nous apparaissons être dans un état de guerre non-déclaré avec elle et il ne se passe pas une journée, semble t-il, sans que l'islam frappe, d'une façon ou d'une autre, la nation canadienne et cherche à la déstabiliser.
Imam aux propos incendiaires, étudiants allant se joindre à des groupes terroristes, crimes d'honneur, envoilement de fillettes, intransigeance religieuse de postulante policière, intransigeance religieuse d'étudiantes, recours légaux puérils et établissement de précédents judiciaires déjantés car on ose demander à un musulman l'origine de son nom, parachutage de candidate-sacrifice voilée pour s'emparer de la Une et diriger la conversation vers l'Islam. Et je ne fait qu'effleurer la point de l'iceberg. Encore et toujours, une infime minorité dont le livre sacré pullule d'imprécations contre l'infidel (nous) et dont le Prophète est non seulement un criminel historiquement reconnu mais un héro de la primauté de la loi divine; encore et toujours, cette infime minorité dont les valeurs individuelles autant que sociales sont aux antipodes des nôtres, prend notre quotidien, nos lois, nos us et coutumes, nos établissements et l'ordre public d'assaut et use de la liberté de conscience comme bunker pour se parer de toute attaque. De mémoire, seule les guerres du Vietnam et d'Iraq ont occupé l'espace médiatique avec autant d'assiduité
La question d'exclure l'islam de la liberté de conscience se pose donc et elle n'émane pas d'une haine de la religion, d'un athéisme déjanté ou d'une quelconque forme de racisme mais bien d'une crainte réelle pour l'ordre public, la santé démocratique, la primauté des lois humaines sur celles divines et le respect des droits des femmes, des homosexuels, des apostats, des dissidents, des critiques et du bon sens en général.
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Je ne prétends pas avoir fait le tour complet de la question et je comprends très bien à quel point ce genre de questionnement peut facilement dégénérer, autant dans sa rhétorique que dans son application éventuelle. J'enjoints donc tout un chacun à un savant dosage d'opinions et d'expression sur le sujet.  
 Je sais cependant que toute croyance ne trouve pas terre d'accueil au Canada et au Québec; que toutes ne sont pas compatibles avec nos valeurs démocratiques, morales et laïques et que certaines, par nécessité et instinct de survie, doivent être exclues de l'espace public. Je crois aussi que la guerre sous-marine actuelle à laquelle se livre l'islam politique moderne constitue, en soi, une situation exceptionnelle permettant une telle discussion et éventuelle abrogation sans réel précédent. 
                                                                                                                                    

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