lundi 22 juin 2015

Le Harem Démocratique

                         « Lorsqu’il y a amour, il y a responsabilité »

C’est avec cette note explicative que la Cour d'Appel du Québec permit à la célèbre cause de Lola VS Éric d’être entendue par la Cour Suprême du Canada : Lorsqu’il y a amour, il y a responsabilité!
L'inénarrable Anne-France Goldwater

            Bien de l’encre aura coulé au sujet de ce milliardaire et de sa conjointe de fait lui réclamant des sommes astronomiques suite à la dissolution de leur union. Très peu, cependant, au sujet de cette déclaration pour le moins étonnante de notre Cour d'Appel.  Au fort de la tempête médiatique, cette remarque aura passé inaperçue mais il serait bon d’y revenir, ne serait-ce que pour mieux saisir la pensée de ceux et celles qui régissent nos sociétés : nos juges.
     Cette phrase, en apparence toute simple, est repue de pièges, aussi est-il absolument nécessaire d’analyser son contenu sémantique dans le contexte dans lequel elle a été professée- une requête en dédommagement financier pour une ex-conjointe.
     En effet, l’amour dont parlent ici les trois juges n’est pas l’amour qu’un frère éprouve pour sa mère, sa sœur ou son père  ni l’amour d’une grand-mère envers ses petits-enfants ou l’amour profond qui unit des amis se connaissant depuis un demi-siècle. Pis encore, il n'est pas non plus question ci d’amour romantique car la Cour d'Appel n’a aucun moyen de savoir si Éric et Lola s’aimaient de cette façon. Il était milliardaire, elle était mannequin- ce n’était peut-être qu’un arrangement satisfaisant pour les deux. Ce que la Cour sait, hors de tout doute, c’est qu'Éric et Lola ont connu un amour charnel car trois enfants sont issus de cette relation.
Saga Lola VS Éric- un cirque!

     Et puisque la requête qu’ils doivent administrer en est une de compensation financière, il ne peut faire aucun doute que l’utilisation du mot « responsabilité » pour donner aval à cette cause en est une de responsabilité financière.  (Notons ici, afin que tout soit clair, que les enfants du couple sont déjà largement compensés par le père en pensions alimentaires d’une largesse étourdissante de l’ordre de plusieurs dizaines de millier de dollars par mois. La cause n’est pas à propos d’eux mais bien à propos de Madame.)
  La Cour d'Appel nous livre donc cette stupéfiante affirmation : « Lorsqu’il y a amour charnel, il y a responsabilité financière »
    Qu’est-ce à dire? Que, dans la pensée de nos juges,  toutes les conjointes, les blondes, les one-night-stand du Québec sont maintenant des prostituées légales et que nous, les hommes,  sommes leur *clients*??? Que les plus hautes instances juridiques considèrent normal  et moral que si j’ai couché avec madame je doive maintenant la payer?!? 
     Il est difficile- voire impossible- de ne pas tirer pareilles conclusions des commentaires issus de la Cour d'Appel car, souvenons-nous, les enfants du couple sont *déjà* traités comme des rois. Lola VS Éric est à propos de Lola VS Éric et personne d'autre.  « Tu l’as aimée, tu es responsable financièrement » nous disent nos hauts légistes. Quelle autre conclusion pouvons-nous raisonnablement tirer de leur discours sur l'amour et la responsabilité qu'il génère? Que des petits-enfants pourraient forcer leur grand-mère à payer leurs études? Que si mon frère que j'aime tant se retrouve sur la paille, je suis légalement responsable de son bien-être financier? 
    Bien-sur que non. Le cauchemar légal qui découlerait d'une telle interdépendance financière entre tous les humains qui s'aiment relèverait plus du capharnaum que de l'ordre.   Force nous est d'admettre qu'aux yeux de la Cour d'Appel,  les hommes hétérosexuels sont des clients qui doivent compenser financièrement toute femme avec qui ils ont des échanges sexuels.
    Est-ce vraiment là où nous sommes rendus, en tant que société? Un monde où toute femme est perçue et traitée, par son propre gouvernement et ses cours de loi,  comme une prostituée et l’homme, un  John ? Une société où l’acte le plus beau, le plus simple et  le plus naturel au monde, entre deux adultes consentants, doit être rabaissé au statut d’échange mercantile, de contrat?
Combien?

    Il me vient soudainement à l’esprit l’image rebutante du harem démocratique: une image distordue des valeurs islamistes, version québécoise, comme on en voit au cirque dans le palais des miroirs.  
 Alors que nous nous déchirons la chemise à propos des Islamistes qui traitent leurs femmes comme des vaches, chaque homme pouvant posséder son troupeau, petit ou grand selon sa fortune, voilà que nos propres juges ouvrent la porte à une sorte de harem  post-coital- une société où l'homme traînera à sa charge un cheptel qu'il devra supporter financièrement  car si il y a de l'amour charnel, il y a responsabilité » 
   Honnêtement, la différence entre le harem musulman et le harem d'ex suggéré par la Cour d' Appel avec ses propos pour le moins louches n'a d'épaisseur que celle d'une peau d'oignon. Dans les deux cas les femmes ne sont ni perçues ni traitées comme des entités humaines pleinement capables de gérer elle-mêmes leurs propres choix, leur propre vie. Dans les deux cas, elles sont traitées comme des employées du mâle- dépendantes de lui pour leur survie: de pauvres petites choses que l'homme tout-puissant doit gérer.    
 L'image de l'homme et de sa sexualité qui nous est renvoyé via ce tortueux raisonnement n'est guère plus reluisante. Il est client- sa vie sexuelle doit maintenant s'établir non pas sur les bases d'une vie saine et équilibrée mais sur sa capacité à générer du revenu. Plus il est pauvre, moins il pourra aimer. Pis encore, en le traitant de la sorte, on lui indique clairement qu'il vaut moins que sa partenaire; que celle-ci s'abaisse en couchant avec lui, lui fait une faveur, et que ce travail abaissant mérite compensation.  
   Par cette simple phrase, et tout ce qu'elle sous-entend de sexisme, de stéréotypes dégradants, de victimisation caduque, d'enchaînement nouveau et de rôles sociaux des genres qui relèvent de l'époque médiévale,  la Cour d'Appel du Québec a larguée sur notre sol une bombe que nous nous devons de désamorcer. 
  Les femmes ne sont pas des catins. Les hommes ne sont pas des John. Et l'État-bonbon, même animé des meilleures intentions du monde envers les femmes, ne doit jamais se transformer en État-Proxénète. 
  L'amour entre deux êtres consentants appartient aux amants. Il est gratuit, donné librement et sciemment. Que la Loi et l'Ordre reste en dehors de leur chambre à coucher.
  
Roméo! Juliette!

1 commentaire:

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